LES « COLLABOS »

Les Deux-Sèvres dans la guerre 1939-1945

 

 

 

Entre 1940 et 1944, les partis et mouvements collaborationnistes, seules formations politiques autorisées par l'occupant allemand, ont une activité groupusculaire en Deux-Sèvres. En fait, il faut attendre l'année 1942 pour les voir s'organiser et se structurer. Leur action connaît un certain développement jusqu'en 1944. Mais elle ne concerne qu'une infime minorité de la population. En effet, une enquête réalisée à la Libération par les nouvelles autorités estime à 242 le nombre d'individus ayant appartenu, à un moment ou à un autre, à l'un de ces groupes. Cela représente à peine 0,08 % de la population des Deux-Sèvres recensée en 1936.

 

Jacques Doriot

(en uniforme allemand)

Le Parti populaire français (PPF)

 

Sans doute les plus actifs, les partisans de Doriot se comptent au nombre de 44 en mai 1943. On estime à 85 leur nombre total sur la durée de la guerre. Ils sont surtout présents à Niort, à Thénezay, à Melle et à Thouars, mais on note aussi quelques éléments dans les campagnes.

 

Le P. P. F. inaugure sa permanence niortaise, située sur la place de la Brèche (1, avenue de la Quintinie) en présence de son chef, Jacques Doriot, le 30 avril 1942. Son activité pendant la guerre se caractérise par la tenue de réunions de propagande dans les cinémas niortais (mai 1942, novembre 1942, juin 1943, juillet 1943) et thouarsais (février 1944) ainsi que par la distribution de tracts et de papillons dans les rues des villes.

 

 

Le Rassemblement national populaire (RNP)

 

Les émules locaux de Marcel Déat se manifestent à partir de juin 1942, date à laquelle est ouverte à Niort une permanence. Au nombre de 35 en mai 1943, ils sont surtout Niortais. Le R.N.P. recrute essentiellement chez les commerçants et les artisans, dans le monde des inactifs et chez les cadres. Il n'influence guère le monde ouvrier ni celui des employés. Comme le P.P.F., le R.N.P. commence à se manifester en Deux-Sèvres seulement à compter de la mi-1942. Comme lui, il s'attache surtout à des actions de propagande, en particulier dans les cinémas des villes. Des films de propagande ouvertement nazis comme « Le jeune hitlérien » ou nettement antisémites comme « Le juif Süss » sont proposés à la population. A d'autres occasions, ce sont des orateurs d'envergure nationale qui viennent défendre en Deux‑Sèvres les thèses antigaullistes, antibolchéviques, antimaçonniques ou antiparlementaristes du R.N.P. L'accent est nettement mis sur l'antisémitisme au point que, en août 1942, des membres de ce groupuscule recouvrent les plaques de la rue de la Juiverie, à Niort, par des plaques de carton portant l'inscription      « Rue de l'Europe Nouvelle ».

 

 

Le Francisme

 

Crédité de 18 adhérents à la Libération, ce mouvement rassemble surtout des jeunes, dont une majorité de filles. Tous et toutes sont Niortais. Leur permanence est située 11, rue Jules‑Ferry à Niort. Ils se manifestent en particulier par des distributions de tracts.

 

 

Le groupe Collaboration

 

Il compte six adhérents en Deux‑Sèvres.

 

 

La Ligue des volontaires français contre le bolchevisme (LVF)

 

Elle est d'essence quelque peu différente, puisque « à côté de l'action des partis qui continuent leur oeuvre de propagande et de recrutement, en étroite collaboration avec ceux‑ci, la Légion doit travailler en dehors de toute tendance politique... Il faut que chacun sache que la Légion donne à la France aux yeux du monde un visage européen » (Le Mémorial des Deux‑Sèvres, 27 juin 1942).

L'ouverture d'une permanence à Niort en juin 1942 sera suivie d'une autre à Thouars en octobre de la même année. La propagande est axée sur la lutte nécessaire contre le bolchevisme en Russie. Elle recourt souvent aux combattants français revenus du front de l'Est où ils ont servi aux côtés des troupes allemandes. Mais l'impact de ces réunions est très limité puisqu'à plusieurs reprises les orateurs se plaignent de la « pénurie d'auditeurs présents » pour reprendre le mot de l'un d'entre eux, cité par un rapport des Renseignements généraux. De même, au plus fort de son recrutement, la L.V.F. ne regroupa jamais plus de 50 adhérents en Deux-Sèvres.

 

 

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Les Deux-Sèvres dans la guerre 1939-1945

 

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